lundi 13 février 2017

Où va l’Union africaine ?



Je me suis depuis toujours posé cette question sans trouver de réponse satisfaisante.  Je me la pose encore plus depuis que cette organisation panafricaine a changé de leadership il y a quelques semaines. 

Le Tchadien Moussa Faki Mahamat a remplacé Dramini Zuma à la présidence de la Commission de l’Union africaine. Les commentateurs s’accordent presqu’à l’unanimité que le mandat de Madame Zuma a été un échec.  Mahamat va-t-il donner de meilleurs résultats ? J’ai des raisons d’en douter. 

 Moussa Faki Mahamat a été élu alors qu’il a été élu alors qu’il était ministre des Affaires étrangères du Tchad. Le Tchad qui, justement, vient d’être classé par le Democracy Index comme le pays le plus autoritaire d’Afrique, et l’un des trois pays les moins démocratiques au monde juste devant la Syrie et la Corée du Nord. Si Mahamat a servi un gouvernement d’une telle sulfureuse réputation, c'est-à-dire que nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’il soit un champion de la démocratisation, du respect des droits de l’homme et des libertés politiques en Afrique.

Or le principal problème de l’Afrique est un problème de gouvernance. Afrique est pauvre parce qu’elle n’est pas libre », résume l’économiste ghanéen George Ayittey. La majorité des pays africains sont dirigés par des autocrates qui prennent en otage leurs pays pour servir les intérêts personnels de leurs familles ou de leurs tribus. Je crois dur comme le fer que l’objectif d’une institution comme l’Union africaine doit être de contribuer au bonheur des Africains. Et les Africains ne peuvent pas être heureux s’ils ne sont pas libres, si leur vie et leurs biens  ne sont pas protégés par des institutions démocratiques. C’est en soutenant les efforts de démocratisation et du respect des droits humains des Africains que l’Union africaine peut servir au bonheur des Africains.

Mais même si le nouveau secrétaire de la Commission de l’Union était un démocrate convaincu, disons le sénégalais Abdoulaye Bathily, qui était mon candidat préféré à ce poste, ce n’est pas sur qu’il aurait pu reformer l’Union. Etant donné que c’est le conseil des Chefs d’Etat qui décide de l’agenda de l’institution panafricaine, et que la majorité d’entre eux sont des fossoyeurs des règles démocratiques les plus élémentaires dans leurs pays, il s’en suit que les décisions qu’ils ne prennent la plupart du temps ne permettent pas de progresser en quoi que ce soit. 

Ce n’est pas l’Union africaine qui reformera les pays africains, mais que ce sont les progrès dans les pays membres qui feront évoluer l’institution panafricaine. Quand les citoyens de la majorité des pays africains seront parvenus à se doter des dirigeants qui se soucient vraiment du bien être de leurs citoyens, les rapports de force changeront au sein de l’Union et elle cessera d’être un club de dictateurs. L’Afrique changera par le bas. 

Email:  ntahimperaj@yahoo.fr

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