Le dictateur nord-coréen Kim Jong Un a vraisemblablement commandité
le
meurtre de son demi-frère Kim Jong-Nam. S’il peut tuer son frère et son
oncle de sang froid, je ne parviens pas à imaginer ce que subissent les simples
citoyens nord-coréens au quotidien.
En quoi ça nous concerne ? En quoi un crime politique
commis dans une terre aussi lointaine concerne un blog qui traite principalement
de questions africaines ? Eh bien parce que ce crime montre encore une
fois la cruauté d’une dictature, et que la dictature est l’un des grands fléaux
qui handicapent la
majorité des pays africains.
La Corée du Nord est un pays très fermé et donc personne ne
sait ce qui s’y passe réellement. Mais je pense que ce qui se passe là-bas n’est pas très différent de ce qui se passe
dans les pays africains dirigés par des autocrates. Les dictateurs ont ceci en commun : ils
tuent, emprisonnent et exilent leurs opposants, leurs concurrents ou simplement
ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. A des degrés divers, bien sur.
Si la presse occidentale s’intéresse beaucoup de se qui se
passe en Corée du Nord, c’est parce que, avec ses ambitions nucléaires, elle
menace les pays alliés de l’Occident en extrême Orient, à savoir la Corée du
Sud et le Japon. Les autocrates africains qui se contentent d’opprimer leurs propres
citoyens eux, on n’en parle presque jamais.
Les dictateurs sont à combattre parce qu’ils sont une menace
pour l’humanité. Ils sont une menace pour ce que les Américains appellent le « rêve
américain », mais qui est en réalité un rêve universel : le droit à
la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur.
Les dictateurs parviennent à prendre nos sociétés en otage
parce que nous les laissons faire. S’ils parviennent à se maintenir longtemps
au pouvoir, c’est parce que ceux qui s’en accommodent sont beaucoup plus
nombreux que ceux qui les combattent. Beaucoup s’en accommodent par peur, et
c’est compréhensible : entre se taire et préserver sa vie et risquer la mort en tenant tête a un despote,
le choix n’en est pas vraiment un. D’autres s’accommodent aux dictatures aussi
longtemps qu’ils en profitent et que leurs intérêts sont préservés. Mais ce
n’est qu’un mirage car, sous une dictature, tous ceux qui semblent en sécurité
aujourd’hui juste parce qu’ils sont en position de pouvoir peuvent se réveiller
déshérités demain par plus puissant qu’eux parce qu’il n’y règne que la loi de
la jungle.
Vous me direz qu’il y en a de bons dictateurs.
L’intellectuel ghanéen George Ayittey a une réponse sans équivoque à cette
question : un bon dictateur est celui qui est dans un cercueil. En ce qui
me concerne, s’il est possible d’empêcher les dictateurs de nuire sans mettre
personne dans un cercueil, ca me conviendrait. Je me contenterai de les voir répondre
de leurs crimes devant la justice.
Et si vous n’êtes toujours pas convaincu qu’il faut
combattre la tyrannie, lisez Garry
Kasparov :
« Si l'injustice et l'oppression ne sont pas assez mauvaises, les gouvernements autoritaires ont un énorme coût social. Les pays dirigés par des dictateurs ont des taux de maladies mentales plus élevés, des niveaux de santé et d'espérance de vie moins élevés et, comme l'a fort bien dit Amartya Sen, une plus grande susceptibilité à la famine. Leurs citoyens sont moins instruits et déposent moins de brevets. En 2016, plus de brevets ont été déposés en France que dans tout le monde arabe - non parce que les Arabes sont moins entreprenants que les Français, mais parce que presque tous vivent sous un autoritarisme étouffant. De toute évidence, la suppression de la liberté d'expression et de la créativité a des effets néfastes sur l'innovation et la croissance économique. Les citoyens des sociétés libres et ouvertes telles que l'Allemagne, la Corée du Sud et le Chili témoignent des progrès dans les affaires, la science et la technologie que les Biélorusses, les Birmans et les Cubains ne peuvent que rêver.Et considérez que les nations libres ne vont pas à la guerre les unes contre les autres. L'histoire a montré que c'était la seule loi ironique de la théorie politique. Pendant ce temps, les dictateurs sont toujours en guerre, souvent avec une puissance étrangère et toujours avec leur propre peuple. Si vous êtes préoccupé par la santé publique, la pauvreté ou la paix, votre mandat est clair: combattre la tyrannie. »
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